Le rôle des pairs dans la reconstruction d’une victime de harcèlement scolaire
Le harcèlement scolaire isole, fragilise, abîme la confiance. Mais dans l’ombre de cette souffrance, il existe parfois une lumière inattendue : celle d’un camarade qui tend la main. Dans cet article, je partage une expérience vécue en cabinet et quelques pistes pour encourager la solidarité entre enfants, levier essentiel dans la reconstruction émotionnelle des victimes.
Ou comment un simple "Tu veux jouer avec nous ?" peut tout changer
Quand j’accompagnais des enfants en cabinet, je voyais à quel point les blessures du harcèlement pouvaient s’imprimer profondément dans leur estime d’eux-mêmes. Mais ce qui m’a toujours frappé, c’est la puissance de la relation entre enfants dans le processus de guérison. Parfois, ce ne sont pas les adultes, mais les camarades de classe, les copains de sport ou les voisins qui offrent les premiers filets de sécurité affective.
Je me souviens d’une petite fille, Emma, en CE2, venue me voir après plusieurs semaines de repli. Elle avait été mise à l’écart, moquée quotidiennement. Sa tristesse était palpable. Mais un jour, en séance, elle m’a raconté avec les yeux brillants :
« À la récré, Louna m’a demandé si je voulais jouer avec elle et ses copains. C’est la première fois que je n’ai pas eu mal au ventre avant d’aller à l’école. »
Ce geste tout simple – une invitation à jouer – avait ouvert une brèche dans son isolement. À travers cette interaction, elle s’est sentie vue, reconnue, et petit à petit, elle a repris confiance.
Les enfants peuvent être des tuteurs de résilience
Ce que je retiens de ces situations, c’est que la reconstruction passe souvent par le groupe. Les enfants sont sensibles à la justice, à la solidarité. Encore faut-il leur donner les moyens de l’exprimer.
C’est tout l’enjeu de mon livre Spoutnik et Léa, où Léa, victime de harcèlement, commence à se reconstruire non seulement grâce à l’écoute bienveillante de Spoutnik, mais aussi grâce à la parole et au soutien d’autres enfants. Dans cette histoire, Maya et Lucas incarnent ces "alliés naturels" : ceux qui tendent la main, qui écoutent sans juger, qui offrent un espace sécurisant où être soi.
Des pistes concrètes pour créer un climat scolaire solidaire :
- Encourager les enfants à observer, repérer, et tendre la main sans attendre.
- Mettre en place des “binômes de soutien” ou des “sentinelles de cour de récré”.
- Valoriser l’entraide au même titre que les résultats scolaires.
- Et surtout : en parler. En classe, en famille, dans les temps d’échange.
Les enfants ne sont pas seulement des témoins passifs des injustices. Ils peuvent devenir des leviers puissants de réparation. Et parfois, un simple regard, une place laissée dans un jeu, ou une oreille tendue, valent tous les discours du monde.
Envie d’aller plus loin ?
Mon livre Spoutnik et Léa : ensemble contre le harcèlement scolaire
aborde en profondeur le chemin de résilience d’un enfant victime, guidé par un chien thérapeute et le soutien d’autres enfants bienveillants. Une histoire sensible, accompagnée d’un guide pour les parents et les professionnels.
Découvrez-le ici : www.stephanerallier.fr/Spoutnik-et-Léa
